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Précarité des mannequins

Précarité des mannequins


Les médias font miroiter une image flatteuse du métier de mannequin et montrent des top models menant la vie de star. Cependant être mannequin ne rime pas nécessairement avec reine des podiums. La réalité n’est pas toujours si glamour et souvent injuste : les clients reçoivent quotidiennement de nombreuses candidatures et des milliers de mannequins se bousculent pour saisir un nombre limité de contrats. Malgré les avantages de la profession, un bon mannequin doit faire preuve d’humilité car il n’est ni le centre du monde, ni une princesse dont on va s’occuper en permanence, et surtout jamais à l’abri d’une fin de carrière imminente. Une petite erreur peu tout gâcher. Nul n’est à l’abri de « se griller ».

MANNEQUIN : MÉTIER LE PLUS PRÉCAIRE DU MONDE
Chaque saison, des milliers de mannequins affluent du monde entier dans les capitales de la mode (New-York, Londres, Milan, Paris, Tokyo) dans l’espoir de trouver du travail. Mais beaucoup de mannequins rentreront chez eux avec moins d’argent qu’à leur arrivée, parfois surendettés. Pourtant les mannequins ne sont pas d’insatiables dépensiers, comment peuvent-ils en arriver là ? La plupart débutent le mannequinat à l’adolescence, alors qu’ils n’ont encore jamais (ou très peu) travaillé et qu’ils n’ont pas d’argent. Les agences de mannequins avancent donc une multitude de frais pour permettre aux mannequins de travailler. Prenons l’exemple d’un mannequin de province qui vient tenter sa chance dans les grandes villes :

Les séances photo test : L’endettement débute dès la signature en agence avec l’organisation de séances photo tests pour la création du book photo du mannequin. Il faut compter en moyenne 150-400 euros par shooting avec un photographe partenaire, sélectionné par l’agence. Sachant qu’il faut au minimum 3-4 photographes différents pour qu’un portfolio commence à être opérationnel, il y en a déjà pour un bon budget!

Les frais de déplacement : La plupart des agences font voyager leurs mannequins à l’international pour qu’ils rencontrent d’autres agences et d’autres clients. L’agence va donc avancer les frais de déplacement : taxi(s), billet(s) de train(s) ou d’avion(s). Parfois, notamment pendant le rush des fashion weeks, des berlines avec chauffeurs (à 20 euros de l’heure en moyenne) sont mis à disposition des mannequins pour leurs permettre d’enchaîner les castings et/où jobs clients plus rapidement.

L’hébergement : Tout le monde n’a pas la chance d’avoir de la famille ou des amis chez qui résider en dehors de sa région d’origine. Et il est compliqué pour les mannequins qui débutent de louer leur propre appartement car il faut disposer d’un bon dossier (revenus stables et réguliers, de bons garants…), qu’il faut avoir suffisamment d’argent sur son compte en banque pour avancer un mois de loyer + une caution, et surtout parce que les mannequins ne savent jamais à l’avance combien de temps ils vont rester dans une ville (ils peuvent être envoyés à tout moment vers d’autres destinations et ainsi perdre leur argent s’ils ont déjà réservés un logement). De ce fait, les agences facilitent les choses en hébergeant leurs recrues dans des « appartement de mannequins” : en moyenne 30 à 50 euros / nuit en appartement de mannequins.

L’argent de poche : Les agences de mannequins mettent généralement de la “pocket money” à disposition de leur mannequins. C’est à dire une petite somme d’argent remise chaque semaine au mannequin qui ne travaille pas encore afin qu’il puisse subvenir à ses besoins quotidiens (s’alimenter, payer sa carte de transports bus/métro, payer son abonnement téléphonique).

L’ENDETTEMENT DES MANNEQUINS
Normalement, les agences de mannequins sont censées fournir à chaque mannequin un récapitulatif mensuel de leur situation comptable avec le détail des frais avancés. Dans la pratique, très peu le fond. Bien souvent les mannequins sont désinformés sur leurs droits et ils ne savent pas combien ils sont censés toucher. Les agences précisent rarement à l’avance que les services mis à disposition ont un coût important. Beaucoup de mannequins découvrent leur situation comptable lorsqu’ils se présentent après leurs premiers jobs dans l’espoir de récupérer un règlement. C’est alors qu’ils se rendent compte du cumul et de l’ampleur des frais engagés, parfois enjolivés de débits étranges (tels que des frais de coursiers ou de photocopies exorbitants).

REMBOURSEMENT DE LA DETTE DES MANNEQUINS
Lorsque le mannequin travail, les frais avancés sont récupérés par l’agence en plus des commissions. Ce n’est qu’une fois l’ensemble des frais remboursés que le mannequin pourra toucher de l’argent. Normalement, lorsqu’un mannequin rencontre le succès, l’investissement de départ est vite amorti et le mannequin peut rapidement gagner beaucoup d’argent (s’acheter un appartement dans une grande ville en 2-3 ans ou en quelques grosses campagnes de publicité). Mais lorsque le mannequin ne travaille pas ou pas suffisamment, les dépenses s’accumulent et il s’endette vis-à-vis de son agence. Ainsi, beaucoup de mannequins travaillent, génèrent beaucoup d’argent, mais ne touchent rien (ou quasiment rien) pendant plusieurs années car ils ne réussissent pas à rembourser les frais démesurés qui s’accumulent quotidiennement.

Inégalités des nationalités : Les mannequins des pays les plus riches ont de la chance : un français, un anglais ou un américain qui échoue ne sera pas engagés s’il décide de quitter son agence. Alors qu’ils sont déjà les plus vulnérables, les mannequins des pays pauvres (d’Afrique, des pays de l’Est ou d’Amérique du Sud notamment) sont tenus de rembourser l’intégralité des sommes avancées par l’ensemble de leurs agences même s’ils arrêtent le mannequinat. Ainsi, certains mannequins continuent à rembourser leurs dettes plusieurs années après avoir arrêté le mannequinat.

L’ESCLAVAGE MODERNE
Les mannequins confient leurs espoirs et leur avenir à leur agence. Mais les agences de mannequins sont des entreprises commerciales. Et comme toutes entreprises commerciales, elles cherchent à faire du profit. Malheureusement, comme dans tous secteurs d’activités, certains patrons le font au détriment de leur masse salariale. Ainsi, certaines agences s’enrichissent sur le dos de leurs mannequins sans vraiment se soucier de leur bien-être.

Gagner de l’argent sur les dépenses : Certaines agences de mannequins on l’habitude de sur-facturer chaque service mis à disposition (en applicant un pourcentage de commission sur le remboursement des dépenses). Il devient alors très intéressant financièrement de prêter toujours plus, en optant pour les vols les plus chers par exemple ou en multipliant les shoots tests, ou même en forçant les mannequins à avoir recours à aux entraineurs personnels partenaires de l’agence.

Le business des appartements de mannequins : Beaucoup d’agences vont également développer une véritable activité immobilière en achetant coup sur coup des appartements qu’elles amortissent en les louant à prix d’or à leurs propres mannequins. Beaucoup de mannequins se rendent compte qu’ils couvrent plusieurs fois le montant d’un loyer normal par leur simple présence. Chaque occupant paye un loyer, plus il y a de mannequins dans l’appartement et plus celui-ci rapportera d’argent : cela donne des situations de promiscuité avec parfois de véritables dortoirs donc peu d’intimité. Imaginez un peu une usine qui vous ferait travailler pour de nombreux clients mais qui ne vous verserait aucun salaire car elle vous a hébergé. Malheureusement dans le mannequinat c’est une pratique courante.

L’OMERTA DANS LE MANNEQUINAT
Pourquoi tout le monde se tait ? Les mannequins évitent de se plaindre par peur de se faire blacklister par leur agence, d’être mis de côté s’ils posent problème. De plus, les mannequins préfèrent cacher leurs difficultés financières pour préserver leur image et leur attractivité. Enfin, certains mannequins soutiennent financièrement toute leur famille en envoyant le peu qu’ils gagnent dans leur village d’origine et ne peuvent pas se permettre de faire des histoires.

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